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Bardi Djellil : de l’exubérance à la douceur, en passant par la philosophie.

Mehdi Djellil alias Bardi est un artiste qui ose. Avec “Fijrya“, il nous offre une nouvelle palette issue de ses recherches et de sa création. Une œuvre radicalement opposée à ses travaux précédents, dans lesquels il dépeignait un monde dominé par le grotesque, l’exubérance et le comique, incarnés par des géants aux proportions monstrueuses.

Par cette nouvelle approche, il change de thème, de palette et de perspective, manifestant une audace et une ouverture d’esprit au cœur de son processus créatif. Bardi refuse de s’enfermer dans un style ou un sujet. Il prend le risque de se renouveler, d’explorer des territoires inconnus et de repousser les limites de son propre art.

La grande majorité des artistes se réfugie souvent dans leur zone de confort, celle qui rapporte économiquement. Peu osent délaisser ce qui a fait leur succès pour une quête d’expression expérimentale. Les galeristes, eux aussi, tendent à maintenir les artistes dans cette zone, souvent plus rentable que créative.

En modifiant ses thèmes et ses couleurs, tout en conservant une maîtrise parfaite du trait, Bardi montre une volonté de se réinventer, de suivre une forme d’évolution probablement guidée par les contextes de notre époque, marquée par une violence inouïe que nous subissons. Un choix motivé ?

Audacieux, Bardi réussit à délaisser ce qui a fait son succès et son affection pour ses « monstres et géants », figures qu’il portait comme symbole de liberté d’esprit. Loin d’effrayer, ils surprenaient, repoussaient les frontières de la pensée. Son attachement à ces figures monstrueuses incarnait une célébration de la nature humaine dans toute sa matérialité et sa vigueur : la taille immense, la posture, le rôle social, un clin d’œil à l’appétit insatiable des monstres humains qui nous entourent et que rien ne satisfait. Une métaphore devenue sa signature.

En utilisant des personnages excessifs et grotesques, Bardi faisait un pied de nez aux conventions rigides de notre société. Il critiquait subtilement les travers du système qui nous régit, les abus de pouvoir et l’absence de discernement intellectuel – si fréquent qu’il en devient presque une norme.

Aujourd’hui, les « monstres » laissent place à la douceur et à la philosophie. Mais l’artiste conserve cette liberté de provoquer et de stimuler la pensée critique, qui incarne une vision de la vie abondante, affranchie des restrictions inutiles, où l’épanouissement personnel passe par la liberté de créer.

Tarik Ouamer-Ali

 


Bardi / Fijrya/ Cupidon, 40 x 40cm, acrylique et pastel sec, sur toile, 2024

 

Les monstres de Bardi.