Faisant écho à plusieurs manifestations que nous avons organisé par le passé, ou à d’autres auxquelles nous avons été associées aux côtés d’autres acteurs (That Feverish Leap Into The Fierceness Of Life, Dubai 2018 et Marrakech Biennale 6 en 2016), nous tenions à fournir un travail inédit sur une période clef de notre histoire artistique couvrant les années 60 et 70. Ce catalogue est le fruit d’une longue recherche pour trouver, dans un premier temps, les œuvres parmi les plus marquantes de cette période, ainsi que les archives appropriées, qui expliciteraient au mieux la naissance de la modernité artistique marocaine. Nous remercions tout d’abord les artistes, et certain ayants droit pour leur collaboration. Leur confiance nous honore et accroît le sentiment de responsabilité dans notre travail et nos différentes actions. Bien que nous déplorons l’absence de travaux d’Ahmed Cherkaoui, qui auraient, dans un sens, complété la lecture de cet ensemble, il n’en
demeure pas moins que les œuvres réunies pour cette manifestation sauront relier entre elles les différentes étapes fondamentales de notre histoire de l’art. De la naissance d’une expression abstraite peu avant l’indépendance marocaine, portée par Jilali Gharbaoui jusqu’à la création d’une communauté de destins engagés à inventer un nouvel idéal artistique, au service d’une identité progressiste, notre jeune histoire regorge de défis et d’intensité créatrices. Nous aimons raconter la transition artistique amorcée par Mohamed Melehi au début des années 60 à son retour des Etats-Unis, qui trouva un écho auprès de Farid Belkahia et Mohammed Chebâa, qui vont l’enrichir à leur tour et en amplifier la portée. De cette formidable nentente, né le Groupe de Casablanca L’aventure que ce formidable trio va amorcer à partir de 1966, date de leur première exposition au Théâtre National Mohammed V à Rabat, jusqu’à leur démission conjointe de l’école des Beaux-Arts de Casablanca en 1975 est aujourd’hui inscrite dans une histoire universelle, qui sacralise leurs productions artistiques et recherches intellectuelles.
Ensemble, ils ont développé une pensée critique propre à juger et refuser les dogmes artistiques occidentaux, et ont su inventer une nouvelle façon de créer à partir du Maroc, sans renier leurs héritages culturels. Mohammed Chebâa et Farid Belkahia se sont éteints en 2013 et 2014, laissant une trace artistique considérable. Aujourd’hui, de nombreux projets artistiques internationaux saluent le Mouvement dit de Casablanca. Nous n’oublions pas pour autant de saluer Mohamed Hamidi, Mustapha Hafid et Malika Agueznay, qui ont participé, aux ncôtés de Mohamed Melehi, à cette aventure. Nous sommes très reconnaissants à la famille Chebâa de nous avoir nconfié une œuvre historique, que nous avons toujours espéré présenter jusque-là. Nous vouons à Mohammed Chebaâ une admiration inconditionnelle, pour tout ce qu’il a apporté comme enrichissement à la scène plastique et à la notion d’engagement artistique au Maroc.
Je salue avec beaucoup de fierté l’excellente exposition qui lui a été consacrée à la fondation CDG à Rabat, sous la houlette de Madame Dina Naciri, il y a quelques mois, et qui a favorisé la publication d’un ouvrage de référence.
De la note sur la situation plastique au Maroc, à l’exposition dissidente Place Jamaa El Fna en 1969, sans oublier la solidarité affichée à la lutte pour la libération du peuple palestinien dès 1967, nous voulons transmettre à travers les œuvres et les documents historiques, l’intensité qui a baigné cette époque. Bien sûr que l’histoire ne s’arrête pas seulement à cette phase et que d’autres très belles aventures individuelles ont existé avant, parallèlement et au-delà des années 70 portées par des artistes tel qu’Ahmed Ben Driss El Yacoubi, Miloud Labied, Mohammed Kacimi et plus tard, Fouad Bellamine, qui prendront un autre essor et inventeront d’autres langages artistiques. L’aventure de Chaïbia Tallal est justement une voie que nous respectons et saluons très fortement, même si elle s’inscrit en marge ou en opposition au mouvement de Casablanca.
Nous avons invité, pour enrichir les contenus rédactionnels de cette manifestation, Mr. Jean Michel Bouhours, grand conservateur de Musées Français à la longue expérience professionnelle (notamment au Centre Pompidou Paris), à porter un regard sur les ensembles artistiques réunis. Il nous semble important aujourd’hui de travailler avec plus en plus d’interlocuteurs étrangers pour faire mieux connaître notre scène et restituer sa singularité dans un contexte universel. Pour clore ce mot j’aimerai de nouveau féliciter Madame Salma Lahlou, Fatima-Zahra Lakrissa, Reem Fadda, Sam Bardouil et Thill Ferllrath pour leurs remarquables travaux, ces deux dernières années, autour du Mouvement de Casablanca, et Madame Dounia Benqassem pour son aide précieuse
Hicham Daoudi
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Vente aux enchères du 23 Juin à 17h00 / Auction of Moroccan Art
Organisé par Compagnie Marocaine des Oeuvres et Objets d’Art (CMOOA)
HÔTEL DES VENTES
5, rue Essanaani, quartier Bourgogne – Casablanca
Tél. : +212 5 22 26 10 48
Fax : +212 5 22 49 24 62
E-mail : cmooa@cmooa.com
Site : www.cmooa.com
Le 23 juin prochain une enchère spécifique témoignera de l’importance de l’art marocain et de ses différentes tendances artistiques. De la naissance de l’école d’abstraction au cours de la 50 est jusqu’au mouvement de Casablanca (1966-1975) et leurs destinées artistiques, une vente aux enchères singulière à ne pas rater.
Consultez le catalogue de Vente : http://www.cmooa.com