Photographe. De son vrai nom Abdelaziz Mohamed, il est né le 1er mars 1952 à Alger. il décède le 22 décembre 2013 à Tamanrasset. il séjourne longuement à Paris. Amoureux du désert et de l’enchanteresse ville de Tin Hinan, Feissal a consacré sa vie à la culture imuhagh et à l’art photographique. Au début des années 1990, il a rejoint l’Office du parc national de l’Ahaggar, et la ville de Tamanrasset, après un long séjour à Paris. De fascinantes œuvres photographiques témoignent de sa passion du voyage et son amour de l’impressionnant décor pierreux de l’Ahaggar. Une personne pleine de vie, de bonne humeur, de sagesse, très humble, et il était porteur d’une sérénité et d’un calme olympien qu’il partageait avec tous ceux qui l’approchaient et connu. (*)
« Tu étais d’un autre pays que le nôtre (…) Peut- être, étais-tu de cette géographie imprécise dont seuls les vents fous venaient de temps à autre délimiter les frontières (…) Tu vivais à Tam depuis déjà vingt ans, et quand j’ai eu l’audace de te demander de quelle origine tu étais, tu m’as regardée, comme choqué par une telle impudeur, avant de balancer cette réponse entre deux jurons comprimés : « Pourquoi est-ce si important ? Je suis un citoyen du monde ! » (…) Mais dis-moi, toi qui savais si bien fixer les doutes d’une ombre se jetant sur un pétale, interroger la perdition de l’homme débusqué par un rocher improbable, caresser la fragilité de l’être face à l’ultime souffle de Dieu s’incarnant dans une éternité de désert, rire de la bêtise de tes semblables quand ils s’enlisent dans la boue des certitudes, et puis avoir ce sourire compatissant pour ceux dont la mystique se résume à un bout de paradis bien ordonné ; dis-moi, comment pourrais-je te décrire ? (…) Comment te décrire, en dehors de tes photos enchanteresses, de tes références et de tes folles croyances ? Je pourrai peut-être emprunter une bribe à chacun de ces univers, pour dire que Tamanrasset, à travers ton diaphragme, devenait l’autre, cette inaccessible dont on aura beau traire les meilleures cartes postales possibles, mais qui ne s’ouvrira qu’au regard halluciné d’un esthète comme toi. Car c’est la terre où tu as décelé un vagin dans le dialogue de deux rochers sur une rivière, une pointe de questionnement philosophique dans le regard d’une Targuie nomade, une architecture édénique dans un tas de pierres (…) Et puis, avec ce sourire et cet accent inimitable, tu disais : « puise dans l’inépuisable » (Sarah Haider).
Empreintes lumineuses est une sublime série de clichés de Feissal Abdelaziz, çi dessous, immortalisant les nuits les plus sombres du désert, suivies de ses matins les plus lumineux, l’importance de l’instant chez Feissal n’a d’égal que l’infinité de son regard sur le désert qu’il affectionnait tant : « Je suis aux portes du désert, cette terre démunie, dégagée de tout artifice, ce dépouillement touchant l’absolu étant, selon moi, la nudité parfaite ; le sable comme corps alors que le ciel, habit enveloppant, est définitivement enlevé. A défaut de photographier cette perfection intouchable, j’ai prix en vu mes semblables ailleurs et là, voyant en eux l’inaccessible beauté du Sahara. » (H. Bouali).
Il est enterré, selon souhait, au plateau de Tagmar (Tamanrasset).
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(*) source : DICTIONNAIRE DES ARTISTES ALGÉRIENS, MANSOUR ABROUS
Tu accorderas du temps au silence.
Tu ne te laisseras plus envahir par le bruit;
Assourdissant de ton âme en souffrance.
Tu poseras les armes de ta lutte intérieure,
pour trouver en toi, par toi, avec toi;
La paix si nécessaire à ton cœur.
« Dans ces longues séances de prises de vues, j’étais comme un piéton attendant devant un passage à niveau ; un train que l’on voit venir, vous mettre plein la vue puis s’éloigner à vive allure, sans que l’on soit un futur voyageur ou dans l’attente de quelqu’un qui revient. La photographie c’est cela : une rapidité stagnante, une insistance rétinienne, un perpétuel dernier souffle de vie. » (H Bouali)
Une compilation de belle prise de Feissel.
Source image : Facebook.