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“Can Indigeste” par Talbi Farid

L’entame de la présente coupe d’Afrique des nations bien à la peine, nous confirme que la régression rapide du jeu du football spectacle collectif africain, sur terrain , est évidente. Tandis qu’à l’opposé l’emballage organisationnel du spectacle se retrouve en énorme progrès de mise à distribution et consommation commerciale indigeste de la fioriture.

La programmation des rencontres, l’arbitrage, le protocole des flonflons locaux et retransmissions télé, l’apparat du superflus des devants de scène, le comportement de bon aloi des officiels n’ont plus rien à envier aux manifestations européennes bonasses, du genre, qui rapportent gros en publicité essentielle, et notamment politique si efficace aux mélange des genres. Mais le terrain, une toute autre histoire !

La confrontation entre équipes est devenue au demeurant, une joute purement athlétique. Il y a d’abord à engager la défense acharnée du camp, puis à détruire vaille que vaille le jeu adverse, enfin à s’épuiser mutuellement à la conquête d’un ballon disputé à l’abordage, au bras-de-fer, à l’usure (on le dit). Le spectacle plait sûrement pour le courage, l’endurance, la témérité limite violence des gladiateurs en lice.

Mais “allo quoi ! ” comme dirait l’autre, qui conduise le jeu au seuil de son art ? quand le dribble se limite à deux seules exercices élémentaires : le passement de jambes ou la roulette au hasard balthazar, sans requérir de qualités talentueuses singulières de la feinte, geste de déroute, tripotage adroit de balle…

Quand le foot est considéré, poste pour poste comme un travail de tâcheron avec “du volume ou coffre” dans les pectoraux, et une réputation de pas grand chose dans la “cafetière “.

Quand le foot essentiel, précoce, de la prime enfance, est proscrit de sa matrice les quartiers de nos mégalopoles qui posent graves problèmes d’éducation intergénérationnelle, incivisme, violence. Quand le foot appartient à des non- footeux totalement absents de la vie bien difficile de la cité, nos propres gens sourds et aveugles, inconscients des réalités de biens des changements périlleux consommés. Le pire est donc à venir comme l’affiche malheureusement la Can en cours.

A l’évidence la pratique individuelle ou collective ne procède plus en Afrique du jeu ludique à proprement parler, comme s’amuser de la balle, de l’adversaire, du cours du jeu, improviser, oser le geste ou la confiance ensemble, soulever la galerie, l’exploit, entraîner les enfants.

Non, c’est fichu ! pour s’entendre dire par un cul-de-jatte footeux, devenu entraîneur d’Africains en Europe, “que le joueur africain était incapable d’intelligence, discipline, technique” ! tu te rends compte ? tomber si bas !!

Il faut craindre que la Can ne soit plus dans le discernement , lorsqu’elle est appelée à porter le regard sur l’ampleur de sa mission de société .

Notre horizon, tout aussi obstrué, n’incline pas à plus d’intelligence.

Dommage. Donc quelque soit la suite du roulement de la CAN de divertissement et diversion, ne nous leurrons pas.

Farid Talbi
email : lyon228ruisseau@yahoo.fr

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