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ESBA : Plaidoyer pour l’intégration du LMD à l’école supérieure des beaux-arts par Mansour Abrous

Le 13 juillet dernier, le ministre de la Culture donne une conférence “Quelle langue le monde parlera en 2100 ?”, à l’université de Taïf, en Arabie Saoudite. Nous lui demandons plus modestement quelle rentrée universitaire 2017-2018, ses services peuvent-il assurer, demain, aux étudiants de l’École des beaux-arts d’Alger et des autres Écoles d’art sur le territoire national ?
 
Le 21 février 2017, le ministre de la Culture installe la commission de révision du statut de fonctionnement de l’École supérieure des beaux-arts d’Alger. Elle est présidée par un fonctionnaire du ministère de la Culture, et elle est composée de représentants du ministère de la Culture, de l’École supérieure des beaux-arts (enseignants, membres de l’administration, étudiants), de la directrice du Musée national des beaux-arts, du directeur du Musée d’art moderne d’Alger et des directeurs des Écoles régionales de Batna et de Mostaganem. La commission a pour mission d’établir les besoins, en moyens pédagogiques et en révision des programmes d’enseignement, de l’école. Elle fait suite à une réunion de la commission sectorielle, exerçant la tutelle sur les établissements de formation, composée de représentants des ministères de la Culture et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, qui s’est tenue le 16 février 2017, et qui a examiné la situation, notamment pédagogique, qui prévaut à l’École supérieure des beaux-arts d’Alger.

Des mesures ont été adoptées à l’issue de la rencontre : signature des diplômes obtenus au sein de l’école par les services du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, l’accompagnement par le ministère de l’Enseignement supérieur de l’administration de l’école dans le processus d’intégration du système LMD au sein du système d’enseignement (choix au préalable pour la licence professionnelle ou la licence master professionnel), la révision et l’adaptation du statut de l’école au décret 16-176 portant statut type des Écoles supérieures, qui prévoit la nécessité de la révision de la gestion interne de l’École supérieure des beaux-arts. Une plateforme de propositions [révision du statut de l’école, nouvelle organisation pédagogique de l’école, actualisation des programmes avec intégration du système LMD dans les nouveaux programmes, ouverture de nouvelles spécialités au sein de l’école, programme de mise à niveau de la formation des formateurs] est soumise au ministre. C’est un vaste chantier. La nomination du futur directeur de l’établissement n’est pas suffisante.Tout est à organiser, programmer, prévoir, recruter.

Les trois options stratégiques [intégration du système LMD, choix du diplôme de fin d’études, révision de la gestion interne de l’école], de révision du périmètre d’intervention de l’école, posées à l’administration de l’institution ont-elles été traitées ? Si oui, quelles mesures ont été prises et à partir de quand seront-elles effectives ? Quelle consultation des enseignants et des étudiants a été organisée ?
Le deuxième niveau de préoccupation, porte sur l’obtention de nouveaux moyens pédagogiques dignes d’une École supérieure d’art, l’amélioration des programmes d’enseignement et le recrutement du personnel pédagogique susceptible d’être à la hauteur des attentes des étudiants et du partenaire, le ministère de l’Enseignement supérieur, l’hébergement des étudiants : quelles décisions ont été prises ? Quels moyens financiers supplémentaires ont été mobilisés ? Quel est le calendrier de travail ?  Quelles propositions “fermes et réalistes” seront faites aux étudiants et au corps enseignant ?

Ces questionnements liés à des doutes très enracinés dans nos mémoires refont surface chaque année à la rentrée. Les étudiants en sont les premières victimes, et chaque automne et au printemps, ils le manifestent régulièrement par des arrêts de cours et des actions de protestation.

Nous attendons de la nouvelle administration de l’École supérieure des beaux-arts d’Alger qu’elle nous dise l’état de l’institution, le bilan effectué dès la prise de fonction, le projet d’établissement arrêté. De quoi sera-t-elle l’héritière et de quoi est constitué l’héritage ? Qu’elle nous entretienne de ce qu’est gérer une institution pédagogique ? Quelles nouvelles initiatives pédagogiques compte-t-elle prendre ?

Je pense ostensiblement à :

– La création d’une banque de données en ligne des ressources en savoirs et connaissances, liée au champ de la pédagogie et à l’histoire culturelle et artistique du pays,
– La mise à disposition des étudiants de cours écrits, de cours enregistrés et filmés,
– La contribution “d’artistes retraités”, ou d’enseignants en fin de carrière, pour encadrer des unités de recherche ou des travaux de mémoire, animer des workshops, animer des ateliers de réalisation (mobilier, design aménagement, décoration…), encadrement de la partie technique-artistique des mémoires, construire des projets d’animation artistique
– L’intervention d’artistes professionnels pour communiquer aux étudiants une expérience professionnelle réelle et les initier à la réalité du monde du travail.
– L’organisation de séminaires “d’intelligence culturelle”, avec des intervenants très spécialisés : histoire culturelle de l’Algérie, histoire du patrimoine, histoire de l’art algérien, histoire des institutions culturelles et artistiques nationales. Pour garantir une politique de formation artistique efficace, il faut admettre la nécessité d’un bilan raisonné, d’un état des lieux. Nous avons besoin d’une évaluation de l’impact des ressources mobilisées, sur les objectifs affichés : mieux former les étudiants. L’État, et un doute existe sur sa capacité à la réforme, doit être le garant de la qualité des services rendus à la population concernée. Sinon, le risque est de voir les Écoles d’art sombrer dans la paupérisation.

Mansour Abrous