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Mohamed Nedjar

Les mardis c’est permis : Le beau, le vulgaire et le changement

Le monde change, le système de pensées également. Les premiers à avoir parlé du “beau” étaient évidemment les philosophes grecs. Ainsi, de Platon à Aristote en passant par Plotin, ils avaient essayé de décortiquer le beau, son essence, sa nature. D’autres penseurs, comme vous le savez, avaient aussi élargi le champ de définition de cette notion tels que Diderot,, Kant, Hegel ou encore Nietzsche en mettant en place d’autres éléments qui pourraient nous aider à mieux saisir le beau par la critique ou le jugement du goût.

C’est bien là un tournant dans les courants de pensées. Dès lors, la question du goût fait son apparition. Le goût, nous dit Kant, doit être désintéressé, pur et est de fait, par principe déterminant, subjectif. Mais voilà que dans le jugement de goût, on ne parle de beau que quand cela a une portée universelle. Comment peut-il être à la fois subjectif et universel ? S’il peut être universel, le jugement du goût doit répondre à des règles. Ces règles ne peuvent concernées le jugement lui-même mais l’accord entre le goût et la raison. Somme toute, discuter(disputer) le beau est un faux débat. Et l’Art est justement la clé qui résout les faux problèmes. L’Art a pour fonction de nous mettre face la réalité, selon Bergson. L’oeuvre est réaliste mais n’empêche aucunement l’artiste et le percepteur d’être idéalistes.

 

Rodin – Le penseur

 

Depuis le XXe siècle, les philosophes de renommée, comme Deleuze, ont défini l’action de créer comme une résistance. Mais résister à quoi et comment ? l’art doit être le rempart contre la vulgarité par le simple fait d’exister. L’oeuvre résiste à tout ce qui amoindrit la vie. Où en sommes-nous au XXIé siècle ? Parlons-nous toujours du beau ? assurément pas. Les recherches esthétiques sont se sont transformées en études culturelles axées d’avantage sur les industries culturelles, les médias et le commerce. A l’heure où les politiques culturelles font leur chemin et dictent leur jugement du goût sur le marché, certains en sont à débattre du beau dans l’oeuvre d’art.

 

L’adage dit “La nature donne le génie ; la société, l’esprit ; l’éducation, le goût”. Si chacun son goût, résistons tous ensemble à la vulgarité.

*vulgaire : ce qui est grossier, bas, prosaïque

Neila Djedim