On ne se refait pas !
Jadis ma mère traitait ses névralgies stratégiques, ses maux de forte ou mauvaise tête héréditaire, ses migraines domestiques d’épousée, en appliquant des quartiers de citron sur ses tempes, quartiers fixés par un foulard enroulé autour du crâne. Et grossièrement, frontalement noué, pleine face, bien en vue. Une authentique thérapeutique !
Le gyrophare double clignotant ces portions de citrons. Le convoi exceptionnel mon frère, pour te faire comprendre qu’elle en avait marre de toi et des autres, ma mère…
Si avec tout çà ma mère ne décrétait pas illico presto, autour d’elle, l’armistice générale et ne déclenchait pas la solidarité acolyte des autres femmes, celles-là dans leur rôle débordant de compassion complice caricaturale, c’est qu’un monde essentiel de la tradition ancestrale et manœuvrière pouvait s’écrouler.
Celui des aberrations séculaires qui pacifiaient, pourtant les mœurs et inondait de confiance, avec pas grand-chose un citron tranché en deux et le masque des mauvais jours, le monde des hommes. La potion magique de la posture obéissant à des codes, eux-mêmes machinés de vrais-faux-semblants et en réponse quelques autres simagrées rituels, toujours épicés de tendresse affective bon marché. Imparable la douleur feinte d’un cœur affligé de femme, mère et épouse, la totale pour terrasser les hommes !!
Le lacrymal, rien de tel pour attendrir le palpitant de l’incrédule, provoquer l’hypotension émotive chez le mâle, mal barré ; en gros pour noyer le poison de la méfiance dans la confusion compassionnelle ! Donc çà eût fonctionné, normal !. Ce qui t’explique le pourquoi du comment, tournant le dos au passé, avec le progrès en cours, on travailla longtemps à profit dans les pépinières la surproduction du citronnier « quatre-saisons », autrement dénommé dès lors « l’arbre du dégage ». Un marché juteux en quelque sorte mais risqué, notamment les jours des flagrants délires de « j’en-ai-marre-de-toi connard ! »
Et puis, un jour plus de citron de la discorde. Rien.
La grosse différence d’alors avec aujourd’hui, c’est que les hommes chargés de la culture et de notre avenir réunis, ont détruit les plantations d’agrumes de la plaine de la Mitidja.
Pour les remplacer par des poiriers de la concorde, de l’espèce qui se presse d’elle-même.
Farid Talbi
email : lyon228ruisseau@yahoo.fr

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NB :
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A la une : Fête du Citron à Menton, France – photo Daniel Delrieu
http://www.fete-du-citron.com/