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Mustapha Akrim expose « Chantier II » au comptoirs des Mines, Marrakech

Né en 1981 à Salé, Mustapha Akrim est diplômé de l’Institut National des Beaux-Arts de Tétouan en 2008. Ses installations questionnent la nature du travail et la
différence entre le bâtiment et la création d’œuvres d’art à la lumière des changements constants de la société. Il fait partie de la génération d’artistes qui développe un nouveau langage afin de redéfinir le fondement de l’expression des arts visuels au Maroc, cherchant une nouvelle liberté d’expression en rompant avec l’esthétique développée dans la période post-coloniale. Il vit et travaille à Rabat et Salé.

Exposition : du 20 Novembre 2017 au 10 Janvier 2018
Lieu : Comptoirs des Mines Galerie
Adresse : Angle rue de la Liberté et rue de Yougoslavie, Guéliz, Marrakech, Maroc
Email : cmgalerie@ahmorocco.com
Site : www.cmooa.com

Communiqué de presse

Catalogue : http://www.cmooa.com


MUSTAPHA AKRIM : L’ŒUVRE EN CHANTIER Par Alexandre Colliex

A l’âge de 36 ans, Mustapha Akrim est un jeune archéologue mais un artiste confirmé. Et le chantier qu’il ouvre au Comptoir des Mines Galerie, dans cette première rétrospective personnelle, est bien un chantier de fouilles. Celui d’un artiste entêté et virtuose à la fois dont l’œuvre met à jour la mémoire d’un monde ouvrier qui est aussi un récit intime. Photographie, dessin, sculpture, installation… l’œuvre frappe d’abord par la diversité des médias et des matériaux mais plus encore par sa cohérence et son originalité. Au cœur, du travail de Mustapha Akrim donc est la mémoire. Sa série Le musée des Ouvriers de 2016, consiste en une série d’outils et d’objets du quotidien moulés en béton. Pic, masse, marteau, ciseau ou niveau à bulle sont pétrifiés et présentés sous vitrine tels les fragments d’une civilisation oubliée. Mais plus frappant peut-être encore que les outils ce sont les objets intimes, bouilloire -ou poste de radio-cassette- ces témoignages du quotidien qui nous touchent au même titre que la lampe à huile exhumée à Volubilis nous parle à l’oreille de vies effacées. Le choix du matériau ici est décisif. Il confère aux outils et objets les plus modestes la muette résistance propre à traverser les siècles et à résister à l’oubli. Le béton pétrifie. Il confère à la bouilloire le prestige d’une poterie pompéienne. Et le titre de « musée » donné à l’installation dit assez la volonté d’anoblir ces fragments, de les répertorier. Quand l’artiste allemande Isa Gentzken présente ses sculptures de ciments sur de hauts socles métalliques semblables à ceux des chefs d’œuvre surréalistes de Giacometti, elle leur confère la dignité des bustes romains. De même quand Mustapha Akrim place les modestes possessions pétrifiées des ouvriers sous vitrine, il les conserve comme les plus précieux des fragments de l’antique. Par sa densité, par son poids de matière incorruptible, le ciment affirme de manière pour ainsi dire subliminale la valeur de ces témoignages de vies minuscules et condamnées à l’oubli.