C’est quelques minutes avant le vernissage de l’exposition Designers algériens, qui se tenait du 12 juin au 19 septembre 2012 à l’İnstitut du monde arabe (İMA), que nous furent présentés les professeurs d’université Thierry Dufrêne et son épouse Bernadette Nadia Saou, tous deux disposés à créer le “Comité histoire de l’art Algérie”, un projet finalement abandonné ou remplacé au profit de celui baptisé “Patrimoine du Maghreb à l’ère numérique”.
Madame Dufrêne nous précisera le 08 novembre 2015 que cette dernière opération découlait en vérité d’une volonté indépendante de celle voulue par son mari, signalera qu’elle consiste désormais à documenter et rehausser (à des fins de transmission et de conservation) la richesse et complexité des acquis culturels existants dans les pays du Maghreb, à combiner pensée théorique et empirique via une symbiose entre modèles digitaux et héritages d’Afrique du Nord (collections de musées et de bibliothèques, sites archéologiques ou patrimoines immatériels). Réfléchie à plusieurs niveaux et plans, l’entreprise suppose l’élaboration d’un inventaire informatisé, l’implantation de procédures adaptées aux utilisateurs et répondant aux questions : « Comment exploiter les inventaires existants ? À partir de quels critères et à quelle échelle penser les bases de données ? Quelle terminologie adopter en fonction de la diversité des patrimoines et de leur spécificité ? Comment imaginer de nouvelles pratiques numériques, pour valoriser ces patrimoines auprès du public ? ».
Ces interrogations préalables ou subsidiaires sous tendaient la cohérence de trois symposiums annuels. Co-organisé du 28 au 30 avril 2013 à la Bibliothèque nationale d’Alger (par l’École nationale de conservation et de restauration des biens culturels et le Labex Arts H2H), le premier (les Rencontres du numérique d’Alger) a donné lieu à une publication qui constituera le point de départ d’une expérimentation savante ou critique aux pratiques de la médiation et d’une réflexion sur le concept de “patrimoines du Maghreb”. La réunion de 2014 se concentrera plutôt sur la préservation ces héritages immémoriaux et celle des documents numériques. Décidé à l’université de Constantine 3, puis entouré par le Centre de recherches en anthropologie sociale et culturelle (CRASC), le rendez-vous de 2015 explorera quant à lui (en complicité avec le ministère algérien de la Culture et avec l’appui du fonds franco allemand pour la culture) les multiples facettes du numérique afin de faire valoir, par donc le biais des possibilités qu’offre İnternet, « (…) la diversité des patrimoines et leur complexité ».
Déjà associées dans le cadre d’un master commun nommé “Médiation culturelle, patrimoine et numérique”, certaines équipes des universités Paris Ouest et Paris 8 développent des recherches axées sur le fonctionnement de procédés affiliés aux créations plastiques et processus innovant, à leurs modes d’appropriations ou intériorisations, à des actions, compositions ou décisions comportementales. Puisque le domaine artistique et social s’interpénètrent, que les nouvelles formes d’expansion et d’apprentissage se croisent au sein des expressions visuelles et managements humains, que le sensible et le perceptif se mélangent dans une pensée en actes (à la fois corporelle, psychique, intellectuelle et symbolique), que les dimensions de l’imaginaire et de la technologie se côtoient pour jouer un rôle constant et prédominant, les études de partenaires scientifiques et institutionnels (1) (basés en France ou Afrique du Nord) s’étendront aux outils, théories et hybridations entre arts et environnement, arts et mobilité, arts et sciences, art et diversité humaine, design et conciliations adaptées à la contemporanéité esthétique.
Portant sur les impacts et conséquences des nouvelles configurations dans l’univers créateur, sur la façon d’appréhender le faire artistique et de saisir « (…) l’évolution des relations entre les acteurs, les créateurs, les concepteurs et les destinataires des œuvres. », les introspections universitaires sont parrainé par le Laboratoire d’excellence des arts et médiations humaines (Labex Arts H2H, lauréat depuis 2011 des investissements d’avenir), une structure dont les associés sont : l’Université Paris Ouest-Nanterre la Défense, le laboratoire Histoire des arts et des représentations (HAR), l’Université Paris Lumières (UPL), l’Université Paris VIII Saint Denis, le Laboratoire transferts critiques et dynamiques des savoirs, le Laboratoire paragraphe, l’École nationale supérieure des arts décoratifs, l’École nationale de conservation et de biens culturels (ENCRBC), la Bibliothèque nationale de France (BNF, Paris), l’İnstitut du monde arabe (İMA, Paris), l’İnternational council of museums (İCOM), le Conseil international des musées (Paris), l’İnstitut de recherche et d’innovation (İRİ, Paris), le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MUCEM, Marseille), l’Université de Grenade (Espagne), le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC, Oran-Algérie), l’Université Constantine 3 (Constantine-Algérie), l’Université de la formation continue (Alger-Algérie), l’Université de la Manouda (Tunis-Tunisie) et le Musée du Bardo (Tunis-Tunisie). L’atelier-laboratoire installé à ce dernier endroit permet d’améliorer une politique des publics devenue plus expansive avec donc l’aide des nouvelles technologies de l’information.
En janvier 2015, l’ “Association Rivages” de Marseille s’engouffra dans la problématique inhérente à la préservation patrimoniale pour, sous couvert du projet Mémoires d’images, sensibiliser les publics à l’art contemporain et expliquer les manières appropriées de le protéger. Ce double objectif sera reconduit à Alger du 15 au 20 novembre 2015 lors d’une résidence de création à Dar Abdellatif. L’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) accueillait alors des artistes des deux rives de la Méditerranée au sein d’un work shop encadré par Abdelmalek Yahia et Mustapha (ou Mostafa) Goudjil. L’épouse de ce dernier, Akila Mouhoubi, gouvernera une confrontation autour de l’art et de l’espace muséal en se liant avec Nadira Laggoune, une enseignante de l’École nationale supérieure des Beaux Arts d’Alger où se tiendront plusieurs colloques. Le 15 novembre, Ronan Kerdreux (professeur à l’École supérieure des Beaux-Arts et de design de Marseille) interviendra à partir d’une allocution intitulée “Nouvelles muséographies, entre scénographie et interactivité” et le jour suivant, l’historien François Bazzoli s’attaquera à la thématique “L’art contemporain et histoire du musée : une relation complexe”. L’École nationale de conservation et des biens culturels recevra quant à elle le 17 novembre Frédéric Mathieu, un conservateur qui traitera du mode préventif à adopter et inculquer pour résorber la dégradation d’œuvres modernes achetées par des institutions muséales garantes de la transmissions des mémoires collectives, comme de la bonne maintenance d’artefacts et objets anciens. Les spécialistes en sciences de l’information ou de la communication doivent à ce titre mieux penser les défis posés par la numérisation des patrimoines, les conditions de leur diffusion, transmission et appréciation, à engager une dissection portant sur leurs incidences symboliques. Responsable, avec Rémi Labrusse (2), du master “Médiation culturelle, patrimoine et numérique”, Bernadette Nadia Saou-Dufrêne circonscrira ces paramètres en codirigeant les ouvrages Numérisation du patrimoine et Patrimoines du Maghreb à l’ère numérique. Si ce dernier livre regroupe les actes d’un colloque, il est aussi le nom éponyme d’un “Carnet recherche” consultable sur İnternet et au sein duquel a été mis en ligne le Dictionnaire des artistes algériens de Mansour Abrous. Nous y figurons étrangement depuis le 11/10/2015 (3) en tant que sculpteur alors que cette profession n’est plus assumée depuis le 29 juin 1996, date à laquelle fut inauguré le buste de feu-Boudiaf (érigé une semaine avant sur le parvis du Centre culturel d’Annaba). La méprise de l’assureur M.M.A (Monsieur Mansour Abrous) nous oblige par conséquent à notifier que l’historiographie artistique demeure un labeur fastidieux imparti aux personnes didactiques et certainement pas aux brodeurs d’imbroglios inscrits ici en gras (4).
Saâdi-Leray Farid, Sculpteur (…), diplômé de l’École supérieure des beaux-arts d’Alger, option sculpture et de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, option art espace. İl a un diplôme d’études appliquées en art des images et art contemporain de l’université Paris 8 St-Denis. Soutient en 2011 la thèse L’auteur de génie et l’artiste créateur en Algérie : modèles importés, renversés, repositionnés puis singularisés à l’université Paris 8 Vincennes-St-Denis (2011). İl préside l’Association Sud Cultures (…) réalise la sculpture de Mohamed Boudiaf à Annaba. Communications : Une nécessaire modernité artistique en Algérie (Centre culturel algérien, Paris 2012) ; Algérie. Associer l’art à l’engagement ou le disjoindre des prises de position politiques ? (Musée d’art contemporain, Alger 2012).
Supposant au départ que les éditions “Hermann” cautionnaient cette rubrique erronée, nous préviendrons leur patron en lui adressant le message suivant : « C’est avec surprise et une grande consternation que j’ai pu lire ce jour, lundi 26 octobre 2015, ma biographie simplifiée, laquelle est truffée d’erreurs. Je ne peux être diplômé de l’École supérieure des Beaux-Arts d’Alger puisque celle-ci n’existe officiellement que depuis octobre-novembre 1985. Or, j’ai obtenu le titre mentionnant la fin de mes études en Algérie en juin 1985, donc au sein de l’École nationale des Beaux-Arts d’Alger (…) ; n’étant d’autre part pas sculpteur mais sociologue de l’art (docteur en sociologie), et sur le point de publier un double ouvrage (deux volumes de plus de 700 pages chacun) sur l’évolution de l’art moderne et/ou contemporain en Algérie, je n’appartiens absolument pas au monde des plasticiens mais à celui des analystes sérieux et intransigeants, (…). »
L’auto-désigné “spécialiste de l’art moderne et/ou contemporain en Algérie” qu’est Mansour Abrous a (avec son résumé mentionnant un diplôme de l’École supérieure des Beaux-Arts de Paris alors que nous possédons celui des Arts décoratifs) perdu toute crédibilité, cela d’autant plus qu’il paraît vouloir (par une espèce de coup tordu) minimiser l’apport de plus de cinquante articles (certains dépassent les vingt pages) qui depuis dix huit mois ont (via le nom d’usage Saadi-Leray) provoqué des plages de débats et, par là même, mis en lumières les approximations d’autres fanfarons-persifleurs. Nous indiquerons donc à Bernadette Nadia Saou que dans un pays où des autoproclamés commissaires ou curateurs usurpent des titres et siphonnent l’argent public, il y avait un réel souci au niveau de l’historiographie artistique.
La ligne circonstanciée tracée par Annabelle Boissier (socio-anthropologue, chercheure associée au LAMES, MMSH), Fanny Gillet (doctorante en anthropologie, İMAF, EHESS), Alain Messaoudi (historien, MCF, CRHİA, Université de Nantes) et Perin Emel Yavuz (théoricienne de l’art, CRAL-İİSMM, EHESS) tente justement de combler le vide existant à ce stade. En filtrant des domaines institués ou les divers ensembles disciplinaires (notamment la sociologie de l’art et l’anthropologie culturelle), ces investigateurs interrogent l’outillage perceptif utilisé depuis l’émergence de l’art moderne au Maghreb et au Moyen-Orient, taraudent les systèmes d’assignation qui servent à appréhender les productions artistiques au sein des pays arabes, musulmans ou méditerranéens, là où les actuels arts visuels sont plus délaissés que le cinéma, théâtre ou la littérature. C’est pourquoi le dossier thématique “Revues des mondes musulmans et de la Méditerranée” a pour perspective de dresser une cartographie de la création plastique moderne et contemporaine, là où l’İslam reste la principale référence religieuse. İnscrit dans le sillon des travaux de Silvia Naef (lesquels dispensent une analyse socio-historique des modernités artistiques au Moyen-Orient), l’axe historiographique du quatuor échappe aux visées culturalistes qui ont jusque là dominé les exégèses, attribue une fonction explicative à la notion d’art islamique ou à la tradition (religieuse ou non), met en exergue les facteurs essentiels à la compréhension de productions artistiques en cours d’élaboration. Ce groupe d’étude réinscrit par conséquent celle en évolution au sein des biotopes extra-occidentaux, porte une attention particulière à leurs circulations ou transferts et examine aussi bien les tapuscrits universitaires que le discours des mondes de l’art traduit ou réapproprié depuis la période moderne. Constatant que les laïus épanchés tendent à isoler la création contemporaine de toutes références passées, ses opérateurs appellent à des contributions sociologiques ou méthodologiques concourant à l’élargissement de l’historiographie artistique, à l’articulation de ses différentes catégorisations (comme du reste aux répercussions réceptives et compréhensions cognitive des œuvres) et susceptibles d’interroger (à l’échelon national ou transnational) les glissements sémantiques du qualificatif art islamique vers celui d’art moderne/contemporain arabe, iranien ou turc, des caractérisations ethniques ou locales souvent interpellées pour valider un mouvement de sécularisation du travail plastique. C’est dans l’environnement social de la création que l’on mesure mieux la rupture épistémologique, donc la contribution des arts visuels à la construction élaborée et abstraite d’un “espace musulman” obéissant à des logiques exfiltrées des originels ou habituels cadres politiques, religieux ou culturels. Qu’ils s’inscrivent ou non dans les déclinaisons esthétiques de la mondialisation, les auteurs et créateurs du Maghreb, ou des pays arabo-musulmans, échappent aux aires géoculturelles et définitions convenues.
Afin de pallier aux manques touchant les conditions de fabrication, modalités discursives ou analyses formelles de leur système performatif, Annabelle Boissier, Alain Messaoudi, Fanny Gillet et Perin Emel Yavuz planteront les balises de l’atelier 31 (connu sous l’appellation : “İmages, narrativités, identités). Ces locomotives du séminaire “Construction de savoirs et enjeux symboliques dans les arts visuels des pays de l’İslam méditerranéen (XİXe-XXİe siècle)” pensent que la lecture des œuvres élaborées permet de saisir les rapports que les acteurs entretiennent avec leur passé et leur présent, ce que nous disent les arts plastiques des sociétés du Maghreb et du Moyen Orient (XİXe-XXİe siècle)”. İnspirée de la sémiologie visuelle, l’image (ou iconicité) s’appréhende selon eux dans l’espace de la représentation et en fonction d’un texte à déchiffrer.
Leur atelier interdisciplinaire de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) porte de ce fait sur une « (…) définition de soi par rapport à une altérité » ou sur des affirmations identitaires (individuelles ou collective), prend en considération la particularité de configurations narratives et scripturales, estime la manière dont l’art contribue à l’écriture de l’histoire et amène à trouver des réponses aux questions : « Quels sont le rôle et la place de la production symbolique dans la construction de l’histoire ? Comment contribuent-elles à construire ou à transmettre une culture déterminée ? Quel est leur rôle dans les constructions identitaires ? Quelles sont les mutations engendrées par le développement des techniques de diffusion et des pratiques de l’écriture sur la production et la réception des images ? Comment les œuvres et les artistes font-ils dialoguer une tradition fondée sur l’oralité avec le champ iconique ? Comment les artistes contribuent-ils à identifier les enjeux liés à la langue et à l’écriture, leur histoire et leurs usages, dans leurs différents niveaux de registre et de diffusion ? Parallèlement, comment utilisent-ils l’écriture dans leurs œuvres ? Plongeant dans l’interdisciplinarité (histoire, histoire de l’art, sociologie, anthropologie, esthétique, etc.), les interrogations ont à révéler le pouvoir de transmission des œuvres et « (…), la manière dont elles donnent à comprendre leur contexte de production ».
Examinant celles (modernes et contemporains) du monde arabo-islamique, le Groupe de recherche sur les arts visuels du monde musulman (ARVİMM) scrute au sein de cette aire géographique (espaces arabe, turc et persan) leurs développements depuis le XİXe siècle, cela en lien avec la colonisation et les processus d’affranchissement, manumission ou élargissement. Après avoir effectué, depuis 2013, un état des lieux, il a donc ouvert un nouveau cycle décrivant le façonnage national des histoires de l’art, trempant ces dernières dans le mouvement des indépendances ou le contexte de réévaluation ou interprétation des dynamiques régionales et modernités extra-occidentales. Pour résorber la faiblesse des enquêtes entreprises à l’échelle de la colonisation (puis des postindépendances) et saisir au mieux les mutations agissant à l’intérieur de l’espace méditerranée (lequel concerne l’ensemble du monde arabo-musulman), les protagonistes de l’atelier 31 confrontent les difficultés matérielles, méthodologiques et théoriques freinant l’émancipation (interne et externe) d’arts visuels dont l’une des réciprocités est d’offrir l’opportunité « (…) d’interroger les relations de pouvoir qui se sont instaurées entre l’Orient et l’Occident », une interlocution au cœur de notre thèse de doctorat. Recomposée et actualisée, celle-ci paraîtra prochainement sous la forme de deux tomes (1830-2003/2003-2015) intitulés : L’ARTİSTE ET AUTEUR DE GÉNİE EN ALGÉRİE. Ponctués de leur sous-titre respectif (avant-corps militaro ethnocentristes ou visionnaires romantico-égotistes reconvertis en éveilleurs du “Peuple Héros” puis précurseurs d’une re-singularisation identito-esthétique, et “subalternistes” d’une recapitalisation symbolique, solidaires du renouveau dans l’authenticité (révolutionnaire, culturelle et cultuelle) ou créateurs de la modernité esthétique ?), ils atténueront les inconséquences minant la fiabilité des sources, donc les critères de l’histoire de l’art en Algérie puisque de nombreuses maladresses affectent les essais critiques nourrissant les diverses rubriques culturelles, comme le prouve celui du quotidien El Moudjahid lisible le 08 octobre 2015 et dont voici un passage (les fautes sont encore soulignées en gras).
L’artiste-peintre Mohamed Khedda (1930-1991) (…), fut l’un des fondateurs de l’École algérienne des arts plastiques. İl débuta sa carrière de peintre à l’âge de 17 ans avant de partir en France en 1952 (…), a contribué au mouvement culturel durant tout son parcours artistique en assumant plusieurs responsabilités au ministère de la Culture, au Haut conseil de la Culture et à l’École supérieure des Beaux arts. İl fonda, en compagnie d’une pléiade d’artistes, le groupe “Loucham” dans les années 70 et publia deux ouvrages Pour un art nouveau et Feuilles dispersées.
Aux vues de ces méprises et grammaires bancales, pas étonnant que le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, veuille que les jeunes journalistes essuient les plâtres « (…) sur le terrain », fassent leur classe en fouinant l’information et en acquérant « (…) un carnet d’adresses de romanciers, de cinéastes, de poètes, d’artistes-peintres (…), un réseau de connaissances et de relations ». Aussi, décidera-t-il de réserver, le dimanche 18 octobre 2015 au Palais Moufdi Zakaria, une “Journée d’étude sur les médias dans le champ culturel”. Des éditorialistes, universitaires et écrivains (Hamid Grine, Achour Cheurfi, Salim Boufendassa, Youcef Saïah, Rabah Belatrech, Nacerddine Layadhi, Ameziane Ferhani et Samil Meftah) débattront de ce thème, observeront sous plusieurs angles la façon de traiter convenablement de la pluralité artistique, conviendront de la nécessité d’améliorer la prose des chroniqueurs habilités à intervenir dans un domaine assumé lors des décennies 60 et 70 pas des français écrivant sous couvert d’un pseudonyme à consonance arabo-musulmane. Une nette régression étant également à constater depuis la disparition des hebdomadaires Algérie Actualité et Ruptures, plusieurs personnes préconisent la rénovation du site web du ministère de la Culture, la création d’un portail İnternet et l’ouverture d’un centre national des archives culturelles. Celles du quotidien El Moudjahid constituent aux yeux de son rédacteur en chef, Achour Cheurfi, « (…) une véritable mine d’informations pour tous ceux qui veulent s’investir dans la recherche », notamment pour les “rats de bibliothèques” qui, comme lui, comptent agencer des dictionnaires réservés aux acteurs de l’univers culturel.
Occupé à paginer le supplément Arts & lettres du périodique El Watan, Ameziane Ferhani insistera quant à lui sur un effectif insuffisant et surtout non spécialisé en raison d’une totale absence de connaissances historiques et théoriques, des manques que ne paraissent pas vouloir atténuer les agents institutionnels, et encore moins tous les torpilleurs en eaux troubles profitant des brouillages sous-marins pour se faire valoir ici médiateur culturel, là critique d’art et plus loin commissaires ou curateurs d’exposition. Les pourcentages pécuniaires qu’ils engrangeront à l’excès grâce aux vastes manifestations 2003, Année de l’Algérie en France, Alger, capitale de la culture arabe 2007, Tlemcen 2011, capitale de la culture islamique et Constantine, capitale 2015 de la culture arabe, amplifieront les enfumages aveuglant les aperceptions cognitives de l’historiographie artistique.
Avortées, les “Assises de la Culture” auraient pu mettre le curseur à la bonne température et ainsi faire germer au grand jour les problématiques entravant la visibilité nationale et internationale des plasticiens algériens. Au lieu de cela, Azzedine “My-hobby”(5) et compagnie préconisent, sans complexes aucun, de miser sur les multiplexes, une idée convenue à Tizi Ouzou le 19 octobre pendant une conférence sur les Conditions de relance du cinéma algérien elle-même fomentée dans le cadre de la 14e édition du festival culturel national du film amazigh (FCNAFA). Ahmed Bedjaoui et Tahar Boukella défendaient à ce moment là une option répondant selon eux le mieux à la demande d’un public boudant les films des salles communales. Sur les 390 existantes en Algérie, 80 seraient exploitables et conforment à un cahier des charges instauré afin de faire revivre le 7e art mais aussi d’améliorer sensiblement le chiffre d’affaires d’investisseurs étrangers dont les influences symboliques et pécuniaires s’opéreront encore une fois en défaveur de la création locale. İl eu été pourtant facile de prendre, par le biais d’un collectif, en charge plusieurs salles et d’y arranger, grâce à un système de cartes de fidélité et d’abonnement, des séances diurnes et nocturnes qui, suivies d’un débat participatif, pouvaient assurément convenir aux amoureux du grand écran et su convertir de nouveaux adeptes. Seulement, la loi sur les associations (6) est si restrictive que la “movida intellectuelle” espérée restera aussi coincée qu’un paysage médiatique placé, par le ministre de la Communication, Hamid Grine, sous la coupe réglée des pourfendeurs d’espaces, de ceux régissant la chaîne en ligne chargée de présenter, dans le cadre de Constantine, capitale 2015 de la culture arabe, des prestations voulues grandioses, un qualificatif que la syntaxe journalistique remplace souvent en Algérie par le diminutif “Méga” (d’où les annonces avertissant d’un méga-gala ou méga-concert monté en grandes pompes) Ainsi, imprégnée de cette dimension festive, Djamila Kabla nous conviera le 06 octobre 2015 à donner une conférence d’envergure à l’occasion de l’hommage rendu (à Relizane du 01 au 03 décembre 2015) au peintre M’Hamed İssiakhem (en vertu du trentième anniversaire de son décès). « Oui, pourquoi pas », lui répondrons nous, « (…) mais dans quel but et pour quel résultat ? » puisque « Ce genre de rendez-vous a déjà eu lieu, sans qu’un rapport final ne livre des analyses de fonctionnement ou de dysfonctionnement ». À ce stade, notre préférence allait plutôt vers « (…) un colloque entouré par des universitaires et/ou chercheurs (et) qui pourraient (…), définir le cadre de la ou des problématiques affectant le champ artistique, dessiner les trajectoires à partir desquelles s’échafaudera un suivi.». L’approche évoquée concernait donc « (…) un schéma d’investigation clair menant à définir distinctement les diverses séquences de travail à même d’identifier les itinéraires porteurs de diversités esthétiques et d’extension symbolique ». Aussi, suggérions nous à l’intéressée d’apostropher le premier locataire du Palais Moufdi-Zakaria « (…) afin de dégager le financement inhérent à l’historiographie artistique, une priorité devenue cruciale en regard aux pseudo-spécialistes qui usurpent la profession de critique d’art, commissaire ou curateur (…), tirent la couverture vers eux dans l’unique souci de couver leur petite chapelle, alors que prendre de la hauteur (donc de la distance par rapport aux intéressements futiles ou égocentriques) pourrait garantir plus d’efficacité dans la décantation générale. ». Disposé à apporter une « (…) contribution à toute initiative allant dans cette direction », nous l’invitions à faire connaître plus distinctement ses intentions de manière à y « (…) répondre dans les meilleurs délais. ». Après ce courriel adressé (en réponse) le 09 octobre 2015, nous rédigerons, à la demande de Djamila Kabla, le texte de deux pages “Discerner le clair-obscur d’İssiakhem à la lumière du focus algérois de Picasso et de l’outre-noir de Soulages”.
Puisque, et comme la “méga-intervention” entrevue, aucune rémunération ne récompensait l’écriture fournie, celle-ci sera envoyée gratuitement au site culturel “Founoune” qu’un jeune stagiaire du périodique El Watan week-end (du vendredi 27 novembre) jugera « (…) en perte d’enthousiasme » alors que nos différents papiers y trouvent d’autant plus d’échos favorables qu’ils provoquent des débats au sein de la sphère avant-gardiste. Ce n’est aucunement le cas des carrefours publicitaires “Kherdja”, “Vinyculture” ou “Sortiraalger” principalement focalisés sur les agendas culturels, donc tournés en direction des spectacles vivants en tous genres (celui baptisé “Babzman.com”, ou “Porte du passé”, s’intéresse de son côté au patrimoine). Aucune analyse ne trouve de résonances à l’intérieur des nouveaux territoires “webpasteurisés” et il faudra peut-être attendre le “Boulevard des Arts” (site entièrement dédié à la création contemporaine) pour qu’une réelle critique d’art, dont l’objet est avant tout de traduire en mots ou argumentaires une œuvre de manière à la faire partager au plus grand nombre, voit enfin le jour en Algérie, dans un pays où, instrumentalisée, l’histoire est sans cesse pervertie par les légitimations des maîtres-enchanteurs. Celle inhérente à l’art reste si embryonnaire que les parutions la concernant sont encore insuffisantes pour remplir un rayon de bibliothèque. C’est dire le vide sidéral touchant un domaine largement ignoré. Décidé à apporter quelques pierres à son édification intellective, le Forum “Accès-Libre” de la Radio “Alger-Chaine 3” (située au 21 boulevard des Martyrs à Alger) commentait le jeudi 19 novembre 2015 la proche manifestation İssiakhem à Relizane: naissance d’une vocation voulue par sa famille pour aller « (…) plus loin dans la connaissance de l’artiste », dira dans le quotidien L’expression (du 17 novembre 2015) la commissaire principale. Elle stipulera qu’un livre d’art répertoriera après son décès (survenu le 1er décembre 1985) des tableaux qui « (…) constitueront le 1er fonds du futur musée “İssiakhem” ».
Bien qu’aucune cession des droits à l’image n’ait été préalablement signée, le catalogue (publié dans le cadre de l’événement) affiche des iconographies d’œuvres exhibées au sein des commémorations précédentes. Dans ce cas, l’Office national des droits d’auteurs (ONDA) devra veiller à ce que leur propriétaire touche ultérieurement des royalties. Les prochains donateurs de toiles, sculptures, gravures ou vidéos (offertes en prévision donc d’un musée “İssiakhem”) auront à bénéficier des mêmes régularisations, à recevoir, en gage et preuve de leur legs, une attestation mentionnant le format des créations, leur type de composition et année d’exécution. Sans ce certificat, ils ne pourront défendre une quelconque légitimation, ni d’ailleurs prétendre à des droits de suite enclenchés dès la vente d’une peinture que des acheteurs récupèrent parfois juste après le vernissage. Celui agencé à la Maison de la culture de Relizane (baptisée le 02 décembre par Azzedine Mihoubi et le wali Derfoufe Hadjeri) sera suivi de conférences-débats, de projections de films, d’une présentation des ouvrages d’étudiants (venus des écoles des Beaux-Arts d’Alger, Oran, Mostaganem, Azazga, Sidi-Bel Abbès, Batna et Tipaza) qui visiteront la mosquée où M’hamed İssiakhem fit ses études puis l’école coranique de Mazouna, histoire d’accorder une espèce de rédemption religieuse à un homme appréciant, plus que modérément, le bon vin.
Contrairement à l’emphatique rhétorique de Djamila Kabla, le prix portant son nom ne revêtira pas d’aspect grandiose ou clinquant, sans doute en raison de la rationalisation des dépenses survenue dans le prolongement de la baisse gastrique des revenus pétroliers. Jusque là, la rente des hydrocarbures suffisait à faire prospérer les réserves de change mais sûrement pas les compétences d’autochtones marginalisés. Dans une société qui se prépare à vivre une longue période de vaches maigres, le ministère de la Culture décidait, sous les recommandations des cabinets de l’ombre, que l’art devait devenir une source de placements et de profits. Chahuté à l’Assemblée populaire nationale (APN), le projet de loi de finances (PLF) 2016 reflète une telle austérité que, par le biais de “décrets d’ajustement”, de nombreux festivals vont être gelés et annulés, notamment ceux dont les contenus thématiques se ressemblent. Puisqu’il n’est pas obligatoire de les reconduire annuellement, l’État ne soutiendra « (…) que les plus rentables en termes de production culturelle et artistique ». İl n’en restera par conséquent « (…) que 70 à l’échelle nationale » précisera le jeudi 29 octobre 2015 Azzedine Mihoubi après l’ouverture de la 7e édition du Festival international du théâtre de Bejaïa (FİTB). Au terme d’une visite de travail dans la wilaya d’Oum El-Bouaghi, le ministre indiquait le vendredi 13 novembre que « L’administration n’a pas pour vocation de produire la culture mais de l’accompagner », annonçait alors l’élaboration d’une carte des festivals nationaux et internationaux, que ce classement géo-localisé s’applique à une utilisation résonnée de l’argent public.
Le budget de son département se rétrécissant comme une peau de chagrin, l’ex-député du Rassemblement national démocratique (RND) confiera pendant le forum El Moudjahiid du samedi 28 novembre 2015 que l’İtalie, l’Espagne, la Belgique, la France et la Corée du Sud prévoyaient, conformément à la règle 49/51, d’investir dans le septième art, en faveur de « Projets de villes cinématographiques » assurant le lancement de plusieurs formations, donc la création de nouveaux postes. Les salles de cinéma récupérées auprès des Assemblées populaires communales (APC), réhabilitées selon un cahier des charges, et gérées par des partenaires extérieurs en mesure de fournir les équipements idoines, contribueront à ce que l’année 2016 s’imprègne du 7eart.
Accordant à cette projection une importance de premier plan, Mohamed Hakim Soufi suggérera lors de la première “rencontre sur l’investissement dans le secteur de la Culture” (inaugurée le dimanche 29 novembre au Palais Moufdi-Zakaria) que le Forum des chefs d’entreprise (FCE) fasse maintenant « Le lobbying de la production culturelle dans des pays étrangers », joue son rôle de mécène en s’engageant aux côtés de tous les protagonistes, en promouvant leurs originalités et en agençant des fusions d’images entre eux et ceux agissant dans le monde de l’industrie. Pour cela, le représentant du patronat entrevoyait un nouveau dispositif législatif et réglementaire certifiant donc que la « (…) culture obtienne sa part de bénéfice dans la diversification de l’économie nationale », se transforme en une passerelle capable d’attirer des capitaux étrangers, de servir de focus à des produits algériens à exporter.
Chargé de cerner les blocages entravant la rétribution de la culture, Brahim Benali étalera, au nom de la direction générale des impôts, les avantages fiscaux et exonérations de taxes douanières concédées, pour une durée de 3 à 10 ans, aux futurs promoteurs. Encouragés par des mesures incitatives comme l’exonération fiscale, ces entrepreneurs accumuleront « (…) des sommes colossales » si les longs métrages connaissent « (…) une réussite aux niveaux national et international », affirmait un ministre de la Culture stimulant un domaine appelé à devenir aussi lucratif que le tourisme. Apparentée à une économie alternative, l’industrie cinématographique fournira d’après lui, « (…) beaucoup d’argent » à des entremetteurs en attente d’un prochain conseil interministériel devant statuer en février 2016 sur la valorisation, préservation et protection du patrimoine. Cet autre panorama intéresse aujourd’hui des boursicoteurs prêts à spéculer sur l’essor prochain des tours opérateurs dans une contrée dépendante à presque 100% de l’extérieur puisque le pouvoir politico-bureaucratique s’est désintéressé des capacités inventives et constructives de ses ressortissants, cela à l’avantage d’un marché de l’informel boosté par les intérêts du capitalisme international. Enclin à ancrer ses rapports de domination symboliques, il s’ingénie à faire capoter des projets structurants abandonnés afin de nicher au sein des paradis fiscaux des retombées économiques démultipliées depuis la “Réconciliation nationale”.
Conscient du retour de bâton que constituerait l’éventuelle recrudescence du fondamentalisme religieux en Algérie, une délégation de l’Union européenne (UE) consultera le 10 novembre, du côté des arcades de l’Amirauté d’Alger, les opérateurs culturels du pays et les encouragera à impulser une dynamique artistique, à faire en sorte que celle-ci offre des opportunités de développement aux différents acteurs de la société civile. İl s’agissait de cerner leurs priorités et que celles-ci puissent, dans le prolongement du programme régional “Med Culture”, s’accomplir en concordance avec l’essor éducatif, culturel et artistique, l’amélioration des structures institutionnelles et la mise en commun des ressources. Animateurs de la jeunesse, plasticiens et enseignants avaient à saisir une opportunité participative qui, payée sur quatre ans (2014-2018) par l’Union européenne, penchera nettement du côté des médiateurs manipulateurs manigançant dans les circuits du livre. Parfois fictifs, des éditeurs profitent en effet allégrement des subsides du Fonds d’aide du ministère de la Culture ou de la manne débloquée lors des amples protocoles politico-diplomatiques ou emblématico-mémoriels. Habitués au système clientéliste, ils ne désirent pas que s’instaure une politique nationale du livre fondée sur les résolutions adoptées au moment des Assises nationales. Aucune des 40 recommandations arrêtées il y a dix ans n’a depuis été traduite dans les faits, probablement à cause des entourloupes de pseudo-éditeurs refusant de signer des contrats avec des auteurs dont ils nient par ailleurs les droits. Sans ligne éditoriale définie, ces prestidigitateurs oublient de déclarer la moitié des tirages, donc les factures, lorgnent constamment sur les aides sonnantes et trébuchantes que le Centre national du livre (CNL) obtiendra de nouveau grâce cette fois à la feuille de route convenue avec son homologue français.
C’est pendant le 20e Salon international du livre (SİLA) que les deux structures conviendront d’un partenariat aboutissant à la fluctuation du réseau des bibliothèques et médiathèques, à la formation de jeunes traducteurs, de celles de libraires et éditeurs incités à provoquer des courants d’affaires entre les deux rives de la Méditerranée. Devancée par sa consœur Najat Vallaud-Belkacem (7), la ministre française de la Culture, Fleur Pellerin, confirmera le jeudi 29 octobre 2015 la naissance d’une « (…) période d’échanges extrêmement denses en matière de coopération culturelle. », une collaboration qui n’a cependant pas encore débouché sur un groupe de travail habilité à rédiger les éditoriaux et articles d’un magazine artistique. Au lieu de s’inspirer de la revue marocaine Diptyk, les opérateurs du ministère de la Culture feront disparaître (après la sortie du quatrième essai d’août 2015) celle dénommée Maqam. Éditées à hauteur de 5000 unités par la boîte de communication “Advercop”, et pour le compte de Constantine, capitale de la culture arabe, ses versions arabophone-amazighophone et francophone-anglophone réunissaient pourtant des journalistes protégés par un contrat que le commissaire général Sami Bencheikh ignorera pour économiser les 03 millions de dinars que coûtait chaque numéro. L’expérience acquise pendant ce court intermède épistolaire pouvait néanmoins servir à constituer ultérieurement un mensuel axé sur la création contemporaine, apporter un supplément d’analyse à une historiographie artistique sans l’évolution de laquelle il est impossible de convenir d’un marché des œuvres, et par ailleurs de s’attendre à de quelconques améliorations du côté de la critique journalistique, celles et ceux retenus pour couvrir telle ou telle exposition ne possédant aucune grille de lecture fiable. Continuer à ignorer les parcours temporels des créateurs, c’est mettre la charrue avant les bœufs, atomiser la diversité des expressions individuelles mise en exergue par la Convention de l’organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, Convention que l’Algérie a ratifiée le 18 mars 2015 (soit six années après l’avoir signée).
Constituant une base de reconnaissance des spécificités locales menacées par l’uniformisation et autres processus de mondialisation des services, elle intègre les créateurs aux politiques internes de développement. Ces géniteurs peuvent de la sorte gagner leur autonomie vis-à-vis des priorités propagandistes et utilitaristes alimentées par des organismes affiliés aux cercles décisionnels, comme par exemple l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC). Naviguant entre démarches publiques et privées, celle-ci gagne sur tous les tableaux car se trouvant en position de lever l’argent nécessaire à l’émergence du tourisme et à la valorisation du patrimoine, à une exploitation permise par des pouvoirs publics qui « (…) se contentent de modifications mineures, alors que ce qui reste de l’activité économique est enseveli et paralysé par un appareil administratif trop lourd, trop long et trop coûteux », écrit Abdelhak Lamiri dans son ouvrage, La crise de l’économie algérienne. S’il y parle d’une situation alarmante, c’est qu’à l’État d’urgence s’est substitué l’État d’allégeance envers des clans maffieux et des puissances industrielles activant tous les ressorts de la globalisation pour que rien de réellement novateur ne vienne perturber leur schéma néocolonial, c’est-à-dire une stratégie de musellement facilitée par des pions occupant sur l’échiquier du pire les réseaux de la corruption. L’un d’eux se trouve à la tête du Front de libération (FLN). Comment, se demandera Djamel Zenati dans le journal El Watan du 30 novembre 2015, un type « (…) sans épaisseur intellectuelle et à l’ancrage politique douteux a-t-il pris une aussi grande importance au point de voir nombres de personnalités, parfois propres et honnêtes, se prosterner devant lui ? ». Sans aucun doute parce que ce zélé a fait lui-même obédience servile aux intermédiaires des transactions et spéculations offshores.
Contrairement à ce que laissent entendre et supposer les nouvelles formules économiques censées émanciper la culture du tout “État-providence”, aucun changement ne viendra chambouler l’ordre établi au sein d’un champ artistique où seule une série de monstrations mettant en lectures historiques les productions des peintres des décennies 70, 80 et 90, peut permettre de déterminer qui, quand et à partir de quoi s’est opéré le renouvellement des esthétiques, c’est-à-dire le glissement paradigmatique expliquant le passage d’une éthique de communauté à celle de singularité ou quels sont les créateurs à l’origine de l’expression contemporaine du sensible, donc de ce statut autre trop souvent confondu avec la mesure administrative conduisant à la couverture sociale des auteurs ? À l’image des derviches tourneurs convoqués à l’avant-première d’un anniversaire fêtant les 10 ans de l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), rien à l’heure actuelle ne semble bouger au niveau du ronron quotidien du Musée d’art moderne d’Alger (MAMA), institution mise sur pieds dans le seul but de redorer l’image d’un régime militaro-bureaucratique ou militaro industriel dont les impérieuses constantes nationales sont dorénavant confortées par une sacro-sainte stabilité.
Saâdi-Leray Farid.
Sociologue de l’art Perpignan.
le 08 décembre 2015.
Notes :
(1) Samia Chergui (Maître de Conférences et historienne de l’architecture à l’Université Saad Dahlab de Blida, cette docteure en histoire de l’art à Paris IV-Sorbonne dirige l’École nationale de conservation et de restauration des biens culturels), Mourad Betrouni (Directeur de recherche en préhistoire et géologie du quaternaire, de la protection légale des biens culturels et de la valorisation du patrimoine culturel, au ministère algérien de la Culture), Benjamin Barbier (Doctorant à l’université Paris 8 Vincennes-Saint Denis, au sein du laboratoire Paragraphe, équipe İNDEX), Hussein Keshani (Assistant Professor in the Art history and visual culture, program in the Department of critical studies at UBC Okanagan campus in Kelowna, Canada), Nabila Cherif (Docteur en histoire de l’art à l’Université Paris IV-Sorbonne. Maitre de Conférences habilitée à diriger les recherches à l’École polytechnique d’architecture et d’urbanisme d’Alger), Gérard Régimbeau (Professeur en Sciences de l’information et de la communication à l’İTİC de l’Université Paul-Valéry, Montpellier 3, membre de l’équipe du Centre d’étude et de recherche en information et communication, LERASSCERİC), Jutta Dresch (Scientifique au musée “Badisches Landesmuseum Karlsruhe”, curatrice de plusieurs collections et expositions permanentes, directrice du département de la documentation et de la bibliothèque, responsable de l’enregistrement informatique des objets du musée et des catalogues du BLM sur İnternet), Samira Haoui (Enseignante en histoire de l’architecture.), Vincent Puig (Directeur de la valorisation scientifique à l’İrcam, depuis 1993, praticien des transferts de technologie et du montage de projets entre culture et recherche), François Quéré (consultant spécialisé en design d’expérience de visite, en conception et gestion de projets multimédia), Yves Abrioux (professeur de littérature anglaise et directeur de l’École doctorale “Pratiques et théories du sens” à l’université Paris 8 Vincennes–Saint-Denis), Arnaud Laborderie (Ce Chef de projet multimédia à la Bibliothèque nationale de France conçoit et réalise des expositions virtuelles, des dossiers pédagogiques en ligne, des bornes interactives d’exposition ou des applications mobiles). Naima Abderrahim Mahindad (Directrice adjointe et enseignante à l’École nationale de conservation et de restauration des biens culturels d’Alger), Zineb Ali-Benali (Professeur des universités), Malika Bousserak (Maître assistante, elle est doctorante à l’École polytechnique d’architecture et d’urbanisme d’Alger), Nadia Ouargli (Architecte, a obtenu un magister en préservation, mise en valeur des monuments et sites historiques, reçu la qualification d’architecte des monuments et sites du ministère de la Culture), Filiz Yenişehirlioğlu (Professeur d’histoire de l’art a l’Université de Koç, Turquie), Sabah Ferdi (Maître de recherches habilitée et présidente du conseil scientifique du Centre national de recherche en archéologie), et Jutta Dresch.
(2) Ce professeur d’histoire de l’art contemporain à l’université Paris Ouest (Nanterre-La Défense) a travaillé sur la peinture d’avant-garde au début du XXe siècle, sur les théories de l’ornement, sur l’histoire des musées, ainsi que sur la réception des arts de l’İslam, dans le monde occidental (au XİXe et au XXe siècle).
(3) En réalité bien avant cette date puisque le catalogue de 2011 couvrant la période s’étalant de 1900 à 2010 nous inscrivait déjà anormalement en tant qu’artiste plasticien.
(4) La biographie sera retirée du “Carnet recherche” suite à l’annonce d’une plainte.
(5) Néologisme construit à partir des mots lobby (groupe d’intérêt ou de pression) et hobby (passe-temps, ou dada)
(6) La section algérienne d’Amnesty international a révélé que sur les 93 000 associations recensées fin 2011, deux tiers d’entre elles n’auraient pas pu renouveler leur agrément en 2015 en raison de la loi 12-06 entravant leur enregistrement administratif.
(7) La ministre française de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche lancera le samedi 24 octobre 2015 la plateforme “France Alumni Algérie”, un espace de rencontre entre des étudiants algériens ayant fréquenté les universités françaises. L’Algérie et la France sont liées par plus de 800 accords de coopération signés entre les universités des deux pays.