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L’imposture des recherches doctorales post-coloniales : le cas de la statue équestre du duc d’Orléans !

L’importance des recherches doctorales sur l’empire colonial, engagées sur l’autre rive, est sans aucun doute le meilleur des attributs prolongeant le mythe de l’expédition génocidaire gauloise en Afrique du Nord par l’élite financière internationale et métropolitaine. Cependant, l’imposture de ces recherches doctorales post-coloniales, encadrées et orientées à ce jour, est sans appel. 

À ce jour, on évoque encore et encore et sournoisement, la commémoration de la conquête de l’Algérie, comme en témoigne la conférence de l’historienne Jennifer Sessions, résidente à l’Institut d’Études “Avancées” de Paris au Centre d’études diocésain “Les Glycines” à Alger, le 7 janvier 2016, sur la colonisation française en Algérie et le rôle de l’empire colonial dans l’histoire de la France au XIXe siècle.

Djamaa Essayida (Mosquée Essayida), attenante au palais du dey “la Djenina”, les deux démolis, ont ouvert les escarres de la conquête de l’Algérie, accompagnée d’une colonisation de peuplement forcée, et ont permis à l’icône d’Alger colonisée : la statue équestre du duc d’Orléans, de trôner sur l’ancienne place du Gouvernement de 1845 jusqu’à la veille de l’indépendance en 1962.

Le bronze, érigé à l’initiative des élites européennes de la colonie naissante en hommage à Ferdinand-Philippe, prince royal de France, fils aîné du roi des Français Louis-Philippe, est l’oeuvre du sculpteur franco-italien Carlo Marochetti.

L’historienne Jennifer Sessions, en maître de séance délégué, revient sur un point “de repère des Algérois”, sans préciser lesquels, colons ou indigènes, pendant la période coloniale.

La pauvre statue subit le même sort que la colonie dont elle commémore la conquête lors de la décolonisation de l’Algérie. En 1962, tout comme beaucoup d’autres monuments coloniaux, elle est déboulonnée et ramenée en France.

La triste statuette, oubliée pendant vingt ans dans un hangar militaire par la municipalité de Neuilly-sur-Seine, banlieue chic de Paris qui hébergeait au XIXè siècle le château de Louis-Philippe et de la famille d’Orléans, vint enfin l’heure de sa renaissance en 1981, et être enfin érigée sur une place de Neuilly. À cet effet, elle devient, comme d’autres monuments “rapatriés”, un lieu de mémoire pour certains pieds-noirs ainsi que le symbole des liens historiques entre la ville et l’ancienne famille royale.

Au passage, le monument de Sidi Fredj commémorant le centenaire de l’Algérie Française a été inauguré face à la Méditerranée le 14 juin 1988, à Port-Vendres dans les Pyrénées-Orientales. L’année 1988 est une année très symbolique, elle commémore aussi le début du chaos sur le territoire de l’ancienne colonie française, le légendaire 5 octobre.

Ainsi, le parcours humaniste de la statue équestre du duc d’Orléans de Paris à Alger puis d’Alger à Paris est devenu un fait fondamental dans le croisement des histoires coloniales et métropolitaines. Celui, des processus fondamentaux du peuplement européen en Afrique du Nord jusqu’à “celle de la vie politique de la France contemporaine”, observe-t-on.

La profession de foi est prolongée d’un cran, lit-on : “Suivre les méandres de la statue permet de tracer une histoire croisée de la commémoration de la conquête de l’Algérie et de ses transformations entre colonie et métropole, depuis la période coloniale jusqu’au présent postcolonial”.

Moralité : Le pavois de Landowski est peut-être mieux dans son sarcophage.

Tarik Ouamer-Ali 
Alger, le 16 janvier 2016

 
 
– Jennifer Sessions est historienne. Professeur associé à l’Université d’Iowa
– Centre d’études diocésain Les Glycines (Alger)

http://www.glycines.org/

 


Source photo : Wiki


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