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Ouvrages : Boubaker Adjali l’africain alias Kapiaça

Boubaker est décédé le 14 décembre 2007 à New York. Il est né en 1939 à Meskiana, une commune d’Oum El-Bouaghi en Algérie. Aujourd’hui, le 15 février 2024, cela fait dix-sept ans que Boubaker nous a quittés. Une profonde tristesse m’envahit. Il était mon aîné, mon frère et surtout un ami, avec qui j’échangeais très fréquemment sur tout, un puits de connaissances. Il fut un mentor dans ma formation politique d’adolescent sur le monde extérieur, par son savoir et sa grande culture. Je lui dédie ce texte à l’occasion de la parution des deux ouvrages retraçant son parcours en tant que militant de la cause des peuples pour leur émancipation et leur liberté. Le premier ouvrage en langue française est paru le 10/01/2023 aux Éditions Otium à Paris, et sa traduction en langue arabe est parue aux éditions Chiheb en janvier 2024.

A dix-sept ans, il est fidaï, membre du FLN dans la Fédération de France et, ensuite, dans l’ALN. Il a croisé tant de militants, de chefs des mouvements de libération. Son engagement pour la liberté des peuples s’est fait dès les premières années qui ont suivi l’indépendance de l’Algérie, au sein de la Commission d’Orientation et d’Information (COI) du Bureau Politique du FLN avec Salah Louanchi, Hocine Zahouane et tant d’autres.

Boubaker est parti aux Etats-Unis en 1967 rejoindre Mia Aurbakken, celle qui devient son épouse le 1er septembre de cette année à New York. Ils se marient en présence d’un petit nombre d’amis et du chanteur vedette de l’époque, Lamari.

C’est l’occasion aussi pour lui d’être présent à l’exposition universelle de Montréal où son documentaire « Gara Djebilet : Deux milliards de tonnes » est présenté au pavillon algérien.

A partir de ce moment, Boubaker va entamer une vie d’engagement auprès des mouvements de libération africains, palestinien, du Dhofar, de Timor… Cet engagement se fera tant à l’ONU que sur les terrains de combat. C’est durant la période de sa présence à la COI du Bureau Politique du FLN qu’il avait croisé les membres du MPLA, de l’ANC, du FRELIMO, Sam Njouma de la SWAPO (Namibie), et d’autres mouvements qui sont alors accueillis par l’Algérie. Il les retrouvera dans les décennies suivantes tant en Afrique que dans les couloirs de l’ONU. 

 


Boubaker l’Africain (Traduit en langue arabe)

Éditeur : Editions Chihab (Algérie)

Contributeurs : Marie Chominot, Olivier Hadouchi, Constantin Katsakioris
Traduction : Said Nemsi
Sous la supervision de : Chaouki Adjali
Parution : 20 janvier 2024
Prix : 2800 dinars
Disponibilité : L’ouvrage est visible dans la librairie Chihab International, au : 10, Ave Brahim Gharafa Bab El Oued, Alger -Algérie. Email : libchihab@chihab.com.

Biographie des contributeurs : BIO EXPRESS arabe عربية

 

A New York, Boubaker commence son travail d’aide aux mouvements de libération dans le cadre du Comité de Décolonisation des 24, mis en œuvre par les pays africains au sein de l’ONU.

Il devient incontournable durant de longues années dans ce combat des peuples pour leur accession à l’indépendance : Angola, Mozambique, Guinée-Bissau et Iles du Cap-Vert, Namibie… Boubaker parcourra tous ces pays en lutte et pourra ainsi porter leur message de liberté dans les arcanes de l’ONU.

Il parcourt l’Afrique, du Nord au Sud et d’Est en Ouest, le Moyen-Orient (Palestine, Yémen, Dhofar)…

Il porte ce combat à travers des écrits journalistiques, des reportages photographiques et des films documentaires. Il parcourt les Etats-Unis et le Canada et donne des conférences dans un grand nombre d’Universités pour parler du combat des Angolais, des Mozambicains, des Sud-Africains… Ses documentaires sont projetés et servent la cause des luttes contre l’Apartheid, la colonisation, l’impérialisme.

Il est conseiller de plusieurs Présidents des Assemblées Générales de l’ONU (Tanzanie, Cote d’Ivoire, Namibie et travaille étroitement avec les ambassadeurs de nombreux pays au sein de cet organisme international.

Je citerai quelques témoignages de personnalités :

 

OSCAR ORAMAS (ambassadeur de Cuba aux Nations Unies) : 

« Je me souviens que le discret Boubaker aidait la SWAPO mais il n’en parlait jamais et ce n’est qu’après l’indépendance de la Namibie en 1990 que j’ai connu les liens étroits qu’il maintenait avec Theo Ben Gourirab, représentant de l’organisation pendant 14 ans auprès des Nations Unies. Après l’indépendance, Boubaker s’est rendu à maintes reprises dans ce pays en tant qu’invité spécial. De même, il a entretenu des relations avec des représentants africains avec qui il pouvait parler et grâce à qui il avait une certaine influence sur les votes aux Nations Unies. 

Un aspect de l’activisme de Boubaker a été son soutien au mouvement des Droits Civils aux Etats-Unis. Il était très proche d’Andrew Young, ambassadeur des Etats-Unis aux Nations Unies. Boubaker avait organisé une rencontre entre Diallo Arba, Young et moi-même à Atlanta, pendant laquelle nous avons discuté longuement sur l’éventuel soutien des afro-américains aux peuples d’Afrique, à travers la Fondation de Développement Durable 

Quand je pense à Boubaker Adjali, immédiatement me viennent à l’esprit les paroles de Jose Marti : « L’amitié est le creuset de la vie… et il n’est pas inutile, dans un monde si plein de méchanceté, de se faire des amis. » 

 

RAUL ROJA (ambassadeur de Cuba auprès des Nations Unies) : 

« Nous nous sommes réunis maintes fois pendant la durée (7 ans) de mon service à l’ONU, pour “conspirer” contre l’impérialisme et travailler pour l’unité dans la lutte antiraciste, anticolonialiste et anti-impérialiste au sein du Mouvement des pays non-alignés (MPNA), ainsi que pour analyser la situation internationale et les problèmes concrets dans notre travail quotidien. 

Boubaker avait une intelligence très claire et était très bien informé. Il m’a beaucoup aidé, donc, à comprendre la situation internationale et à agir avec les pays amis au sein du Mouvement et à l’ONU, en général. »

 

ANDRE YOUNG (ambassadeur des Etats-Unis auprès des Nations Unies et maire d’Atlanta) : 

« Mais je vous le dis, je pense toujours que c’est l’une des meilleures personnes que j’ai rencontrées dans ce monde et j’ai rencontré des gens formidables. Mais tous avaient des titres, des postes et de l’argent. Boubaker n’avait rien d’autre que le cerveau et le courage. Et une grande famille. »

 

Dans l’avant-propos de son livre Va dire à Neto, va leur dire… (son journal de marche avec la guérilla MPLA en Angola, paru aux éditions Casbah à Alger en 2009), écrit quelques temps avant son décès, Boubaker déclare que ce qu’il a fait durant toutes les années passées à défendre le droit des peuples à l’indépendance, il le referait encore de la même manière. Un engagement total et sans regrets.

« Cela dit, en parcourant ces pages, je ne me sens heureusement à aucun moment en conflit avec cet “autre” moi-même à qui je sais gré d’avoir fait ce qu’”il” a fait. Mon soutien aux luttes de libération a été total, engagé et désintéressé. Il ne provenait pas d’un choix débonnaire ou romantique. Je ne suis pas allé le chercher. Je ne l’ai pas construit. Et s’il fut un choix, conscient et réfléchi, il émanait directement de mon histoire antérieure et d’abord, de notre propre guerre de libération où mes engagements s’étaient forgés. Dans cette histoire, je suis redevable à ma participation dans la Fédération de France du FLN, dans les rangs de l’ALN, en Wilaya I ainsi qu’aux frontières Est du pays. Mes positions ont été le fruit désintéressé d’une maturation idéologique que je pourrais qualifier de naturelle. »

Boubaker est toujours présent à travers son œuvre au service de la liberté. Il aurait agi de la même manière aujourd’hui, pour les peuples en luttes, contre l’impérialisme : Palestiniens, Sahraouis, Irakiens, Syriens, Maliens …

Boubaker est enterré aux Etats-Unis. Sa femme Mia l’a rejoint en septembre 2022. Ils laissent leur fils Madani qui vit à New York.

Chaouki Adjali

  


Boubaker Adjali, l’Africain. Un regard tricontinental (en langue française)

Éditeur : Editions Otium

Contributeurs : Nedjib Sidi Moussa, Marie Chominot, Olivier Hadouchi, Constantin Katsakioris
Parution le 10/01/2023
Pages : 240 pages
Format : 24x31cm
Couverture : Broché
Poid : 1000g
Prix : 49 euros.

“Boubaker Adjali l’Africain, un regard tricontinental”, C’est 240 pages en quadrichromie, près de 150 photographies inédites, une équipe pluridisciplinaire composée de Sohir Belabbas-Bendaoud, Marie Chominot, Olivier Hadouchi, Constantin Katsakiorios et Luisa Semedo qui s’est attelé pendant de longs mois à restituer l’oeuvre-vie de cet infatigable militant, photographe , documentariste qui accompagna sa vie durant les peuples qui refusaient la soumission à l’ordre colonial. Avant-Propos de Nedjib Sidi Moussa.

Boubaker Adjali (1937-2007) abandonne le lycée pour rejoindre le FLN algérien. Blessé, il est « mis au vert » d’abord en RDA, puis en Tchéquie où il étudie le cinéma à la mythique FAMU (à l’instar d’Emir Kusturica et Miloš Forman). À l’indépendance, il occupe des fonctions de premier plan au sein du FLN. Après le coup d’état de Boumediene, il s’éloigne des arcanes du pouvoir jusqu’à son départ définitif en 1967 pour New-York, où il est le correspondant attitré d’Africasie. Pendant près de 40 ans, Boubaker Adjali fort des amitiés indéfectibles qu’il a noué dans le sillage des conférences de Bandung et de la Tricontinentale fut un révolutionnaire et anticolonialiste sans affiliation ni chapelle qui mit ses compétences de photgraphe et documentariste, de polyglotte et fin analyste géopolitique au service des mouvements de libération (SWAPO, ANC, MPLA, OLP, FPLO entre autres). L’ouvrage réunit une équipe de spécialistes autour des archives privées inédites de Boubaker Adjali.