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Marc Riboud (1923-2016) : Algérie 1960-1970.

Il y a, semble-t-il, une concordance entre l’avènement de l’Algérie indépendante et l’épanouissement de Marc Riboud photographe. Si par nature cet homme-là se montre plutôt rétif à l’événementiel autant qu’au spectaculaire, s’il est tout sauf un petit soldat de l’actualité, un chasseur de scoops, le voilà pourtant irrésistiblement happé, en 1960 lors de la semaine des barricades, par l’importance de ce qui est en train d’avoir lieu de l’autre côté de la Méditerranée. Une prise de conscience comme un claquement d’obturateur : « C’est des réflexes, c’est instinctif les choix ».

Puis vient l’été 1962. Et sans doute ne voit-on pas exactement la même chose à Alger, en ces premiers jours de juillet, lorsqu’on sort à peine de l’aéroport en provenance directe de Paris, comme la plupart des photographes de presse, qu’après avoir parcouru les montagnes de Kabylie depuis la frontière tunisienne en compagnie d’une petite délégation du FLN, comme vient de le faire Marc Riboud. C’est peut-être un peu de ce temps partagé en amont, de ce temps invisible ‒ même si quelques images en témoignent aussi ‒ que ses photos d’Alger envahie par son peuple en liesse tirent leur intensité singulière, leur extraordinaire degré de présence. Leur capacité à nous surprendre tout en étant si évidentes dans leur cadrage, leur composition, leur équilibre.

Peut-être, oui, du fait qu’il soit à la fois avec et traversé, qu’il fasse littéralement corps avec cette effusion. Certes Riboud n’est alors pas le premier photographe venu ‒ son coup d’œil n’a pas
échappé à Capa et Cartier-Bresson, qui l’ont accueilli à l’agence Magnum neuf ans plustôt ‒, mais avec ce reportage-là, paru sur six pages dans Paris Match, sa reconnaissance va prendre une nouvelle dimension. Et surtout, de son propre aveu, va mieux se déterminer sa manière. Un art photographique jamais démenti par les images, entre autres, qu’il reviendra faire plus tard en Algérie, générées par ce même mélange unique d’instinct et d’élaboration, de patience et d’empressement, de surprise et de contemplation. Celles d’un grand voyageur des temps modernes, soucieux de tendre au monde et aux hommes un miroir digne de l’émotion qu’ils ont soulevée en lui.

Bruno Grégoire
Source : Revue Littérature SECOUSSE
Novembre 2015

 


Marc Riboud à Arles, photo Jean-Pierre NAUD

 

Marc Riboud est né en 1923 à Lyon. Il prend ses premières photographies à 14 ans, lors de l’Exposition Universelle de Paris de 1937. En 1944, il participe aux combats dans le Vercors. Après des études d’ingénieur à l’École Centrale de Lyon et un travail en usine, il décide de se consacrer à la photographie. Il entre à Magnum en 1953, sur l’invitation d’Henri Cartier-Bresson et de Robert Capa et effectue de longs séjours au Moyen-Orient, en c, en Asie et en Afrique. notamment en Algérie. De très nombreuses expositions, dans le monde entier, consacre son oeuvre. La rétrospective à la Maison Européenne de la Photographie de Paris en 2004 a accueilli 100 000 visiteurs (aussi publiée chez Flammarion). Marc Riboud décède en 2016 à Paris. Son épouse, Catherine Riboud Chaine a effectué en août 2016 la donation de la totalité du fonds de Marc Riboud, soit cinquante mille négatifs, diapositives et épreuves sur papier, au Musée national des Arts asiatiques – Guimet, qui organisa en 2021 la première grande exposition monographique consacrée au photographe : « Marc Riboud – Histoires possibles ». (wikipédia)

Site : marcriboud.com

 

 

 

 

AGENDA
  • 18 mai 2023
    Exposition « From France to China », f22 foto space, Hong Kong, du 18 mai au 31 juillet 2023
  • 24 février 2023
    Exposition « 100 photographies pour 100 ans » au musée des Confluences, Lyon, du 24 février au 31 décembre 2023
  • 4 février 2023
    Photo-concert avec Baptiste Trotignon à Evian, le 4 février 2023
  • 4 novembre 2022
    Exposition « De la mélancolie à la joie », galerie Arcturus, Paris, du 4 novembre 2022 au 15 janvier 2023
  • 10 septembre 2022
    Exposition « Le Japon en duo » à la galerie Le Réverbère, Lyon, du 10 septembre 2022 au 11 mars 2023
  • 14 octobre 2022
    Exposition « Bangladesh 1971: Mourning and Morning » à l’Alliance française de Dhaka, Bangladesh, du 14 au 31 octobre 2022
  • 9 septembre 2022
    « Clémence » et « Jours heureux » à la Maison du Regard, Le Havre, du 9 septembre au 10 décembre 2022
  • 28 avril 2022
    Exposition « Convergence » au Kiran Nadar Museum, New Delhi, Inde, du 28 avril au 30 juin 2022
  • 23 avril 2022
    Exposition « I comme Image, Un abécédaire photographique de Marc Riboud » à la médiathèque André Labarrère, Pau, du 23 avril au 25 juin 2022
  • 9 novembre 2021
    Exposition collective « La beauté passe comme un rêve » à la galerie Le Voleur d’images, Paris, du 9 novembre 2021 au 19 février 2022
  • 4 novembre 2021
    Exposition collective « Horizon » à l’Atelier L’Oeil Vert, Paris, du 4 novembre 2021 au 19 février 2022
  • 22 octobre 2021
    « L’Angkor mystique de Marc Riboud » sur ARTE
  • 21 octobre 2021
    Photo-concert avec Baptiste Trotignon à l’Opéra de Rennes, le 21 octobre 2021
  • 20 octobre 2021
    Participation à l’exposition « Népal. Art de la vallée de Katmandou » au Musée national des arts asiatiques – Guimet, du 20 octobre 2021 au 17 janvier 2022
  • 16 octobre 2021

    Exposition « Bangladesh 1971: Mourning and Morning » au Liberation War Museum de Dhaka, Bangladesh, du 16 octobre au 16 novembre 2021