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Sadek Rahim : « Fragments d’objets habités », dessins et installation à la Galerie Mamia Bretesche

L’exposition de Sadek Rahim intitulée « Fragments d’objets habités » à la Galerie Mamia Bretesche à Arles, du 19 avril au 20 mai 2024, explore à travers ses dessins des thèmes tels que la mémoire, la transmission et la signification des objets, donnant vie à des fragments d’objets trouvés au fil de ses voyages.  

C’est par le dessin que l’artiste Sadek Rahim aborde des sujets qui lui tiennent à cœur, la mémoire, la transmission et l’objet d’un territoire à l’autre, déplacé, disloqué. Parti de cette phrase de Josef Koudelka « Les ruines ce n’est pas le passé, c’est l’avenir. Tout, autour de nous, un jour, sera en ruine », l’artiste, exhume lors de ses pérégrinations des fragments d’objets qu’il dessine, photographie, pour leur donner une seconde vie.

Dans son atelier se côtoient, meubles d’une autre époque, livres, catalogues, outils et toiles accumulés au fil des années, dénichés dans des marchés des villages aux alentours de la ville d’Oran. Tout un territoire qui porte en lui des histoires de familles, d’hommes et de femmes. Chaque objet, chaque fragment d’un artefact ou d’un outil raconte cette histoire universelle, une sorte d’archéologie de la mémoire, une préhistoire du futur.

Une histoire de déplacements, de flux migratoire, de guerre et de paix : cartes routières anciennes, photographies personnelles ayant appartenu à un tout qui n’existe plus ou qui en est désormais séparé, véritables « tessons » d’un autre âge, reflet d’un passé lointain, fantômes de vies passées. Sadek Rahim convoque le souvenir, la mémoire, le mythe d’une période révolue.

Sa pratique artistique, en elle-même, est une forme d’errance dans les objets et artéfacts d’un autre temps, il les dessine, leur donnant une seconde vie, paradoxe des œuvres dites de « nature morte » et réactive ainsi cet élément de l’histoire de l’art. Ces « Still life » préférable à l’expression française, évoquent plutôt la durée et la vie, la vie tenace des souvenirs.

L’artiste rassemble et fabrique des fragments mémoriels : photographies et dessins de débris mécaniques obsolètes, des statuettes, des bibelots glanés, autant de traces pour exhumer un passé enfoui. Les villages en ruines, autrefois prospères, désormais silencieux, sont le témoignage des déplacements, mutations des hommes au gré des besoins et des aléas de la vie. Les objets ne se transportent pas avec le vent, ce ne sont pas des graines ou du pollen. Ils occupent le territoire et le figent dans la rouille du temps passé.

 


11 ans Dessin: Graphite et aquarelle sur vieux papier de 1940
Objet : Ancien mètre pliant en laiton 1915
Texte de Mme Pascale Morant, impression sur vieux papier de 1905

 

C’est l’homme, ici en l’occurrence, l’artiste, conduit par son inspiration, qui les déplace, leur donne un langage sans mots, par le truchement du dessin, un médium, la base par excellence et fondement de toute œuvre d’art. Sadek Rahim considère que la forme de ce médium, aussi « primitive » qu’elle soit, révèle le fond de son propos, par le contraste du noir et blanc, les jeux d’ombre et de lumière, une sorte d’anthropologie de l’objet dessiné qui fait le récit de petites histoires humaines, des souvenirs qu’il emprunte pour le temps de la création.

Un voyage dans l’histoire des objets, et celle des humains, une archéologie du futur. Sadek Rahim dévoile, avec subtilité, son propos sur la structure des œuvres, tout en explorant les périodes de l’histoire de l’Algérie. Une histoire marquée par une multitude d’invasions et de conflits. L’Algérie qui, à travers les siècles a vu s’établir sur son sol différents peuplements qui sont autant de strates culturelles et traditions que Sadek Rahim analyse avec finesse, en s’inspirant des mots d’Anatole Thibault « Ce n’est qu’avec le passé qu’on construit l’avenir », pour l’artiste, « c’est comprendre l’Algérie d’aujourd’hui en interrogeant les traces du passé ».

Sadek Rahim nous donne à voir une autre forme de présentation des œuvres selon la théorie de Fernand Braudel (Étude comparative des périodes historiques : La théorie de Fernand Braudel encourage l’analyse des similitudes et des différences entre différentes époques pour identifier les tendances à long terme dans l’histoire). Il saisit plusieurs « capsules » temporelles, réunies en diptyques : l’objet chiné d’une certaine époque, le texte d’après la parole recueillie du témoin d’une autre époque, le dessin, aujourd’hui, de la main de l’artiste, (Ici et maintenant, Hic and nunc), processus du point à la ligne pour une boucle ouverte sur l’histoire et l’avenir d’un pays dans lequel l’artiste puise toute son inspiration et dont il veut comprendre le présent à l’aune du passé.

Mamia Bretsche Gallery
Source : Dossier de presse

 


98 ans Dessin: Encre sur photographie originale de RUDOLF & ERNST 1910
Objet: Soldat de plomb, Oran vers 1930 + Plaque d’identité de l’armée française, Oran 1914
Texte de M. Alexis Pierre Andres, Impression sur vieux papier de 1890

 

SADEK RAHIM est né à Oran 1971. Il vit et travaille à Oran, en Algérie. Artiste plasticien conceptuel, il est co-fondateur de La Biennale Méditerranéenne d’Art Contemporain d’Oran (2010) et du 1er Salon du dessin contemporain d’Oran (2012). Après la Syrie et des études ensuite aux Beaux-Arts de Beyrouth au Liban en 2000, il s’installe à Londres pour préparer un Master en Arts Visuels à la Central Saint Martin’ School of Arts and Design. Il affirme « A travers la politique ou bien l’histoire des civilisations, j’essaye dans mon travail de mettre en valeur des associations d’idées qui me permettent d’aborder le sujet complexe de l’immigration sous un angle différent de celui des médias. En effet, les derniers évènements concernant l’immigration clandestine me persuade encore plus pour mon intérêt à l’égard de ce phénomène que j’avais commencé à aborder des années auparavant. Ce qui était au départ qu’un phénomène unique pour les jeunes algériens fuyant leur pays pour un avenir meilleur est devenu maintenant une question de survie pour des centaines de milliers de réfugiés Syriens, Afghans et autres. En 2014/15 la problématique des migrants, est devenue officiellement universelle, dramatique et surtout, à mon avis, une urgence qui doit être prise en considération par les artistes. ». En 2003, il obtient son diplôme de cette même école. Depuis, il expose ses œuvres en des expositions personnelles et de groupes dans divers pays et capitales : Beyrouth, Londres, Alger, Paris, Dubaï, Singapour, New York.

– Cities Under Quarantine: The Mailbox Project exhibition, Mathaf, Arab Museum of Modern Art Doha Qatar, 5.3.2024
– Take a Bow, Chaillot Expérience, Chaillot – Théâtre national de la Danse, Paris france starting from, 19.11.2023.
– Touriste! (Le Grand Tour) part of BIENALSUR, Babel Mallorca art center, Mallorca, Spain, 18 septembre >03 octobre, curators Marie Deparis-Yafil & Arnaud Cohen
– La Chair du Monde, Mamia Bretesche Gallery Cities & Artists Arles, 3 > 22.07.2023
– Quelque part entre le silence et les parlers, Maison des arts Malakoff, Paris, 26 juin > 28 novembre 2021, curator Florian Gaité
– Alger, archipel des libertés, FRAC Centre-Val de Loire, Orléans, 4 juin > Janvier 2022, curator Abdelkader Damani & Nadira Laggoune
– Cosmogonies, MO.CO., Montpellier, Oct 2021, curateur Nicolas Bourriaud
– Cities Under Quarantine – The Mailbox Project, Villa Romana, Florence, 4 septembre >18 December 2021, curateur Abed Al Kadiri
– XXI Bienal Internacional de arte de Santa Cruz de la Sierra / The fourth wall / curator Mo Reda, February-March 2020 /
– Waiting for Omar Gatlato: A Survey of Algerian Contemporary art, The Wallach Art Gallery New York, 26.10.2019 > 14.03.2020, curator Natasha Marie Llorens
– Gravity³, MAMO Museum, Oran, 7 July > Sep 30. 2019, curator Marie Deparis
– The Exile Pavilion 03- Layover at Saint-Louis, Senegal – with the Dakar Biennial – French Institute of Saint Louis – May > July 2018, curators Marie Deparis & Mounir Fatmi
– Art Dubai with Al Marhoon gallery, Art Dubai 2017, Dubai
– Facing Horizon, FI commission, YSL & Pierre Bergé, CCO, Oran, 2013

 

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